L'origine du nom Bégin

 

Le beau nom de BÉGIN par CASIMIR HÉBERT, 1951

 

Sur la Presse de l'imprimerie Saint-Joseph, il a été tiré de ce texte une édition sur papier Rolland de Luxe limitée à deux cent cinquante exemplaires, numérotés à la main et parafés par l'auteur, dont deux cents exemplaires souscrits par

 

le R.P. A.-M.-L. BEGIN, O.P., généalogiste, directeur du Maine Historical Society, de Lewiston, Maine, E.-U.

 

LE BEAU NOM DE BEGIN

 

Depuis Adam tous les hommes ont reçu un nom, mais ce nom n'est pas toujours parvenu à nous parce qu'il n'a pas été consigné dans quelque registre. Ce nom est dit prénom depuis que l'on en a deux. Les Romains avaient le plus souvent trois noms: le pranomen indiquait l'individu; le nomen ou gentilicium désignait la gens et le cognomen marquait la famille. Exemple: Marcus Tullius Cicero désignait l'orateur romain Cicéron; le prénom Marcus le distinguait de son frère Quintus. Ces trois noms s'interprétaient Marc, de la gens Tullia, de la famille surnommée " Le-Pois-Chiche " (cicer). Un des Scipions était doté du surnom additionnel de l'Africain. Ce quatrième nom était dit agnomen.

 

Au moyen âge, la coutume romaine se perdit. Les Germains conquérants n'avaient qu'un seul nom. Dans un monde asservi il n'était guère besoin de plus d'un nom. Rivés à la glèbe les gens sortaient rarement du domaine assigné. Mais voici que les chrétiens sont invités à courir défendre les lieux saints contre les musulmans. Les nobles avaient pris l'habitude d'ajouter à leur nom celui de leur terre; les serfs qui suivirent leur seigneur à la guerre imitèrent leurs maîtres en prenant un nom dans les trois règnes de la nature, d'après le voisinage de l'habitation, la ville qu'ils venaient de quitter, leur métier ou profession, leur vêtement, leurs qualités physiques ou morales.

 

Les familles nobles avaient le Livre de raison pour établir leur filiation; personne n'était tenu de se faire enregistrer. La découverte de pays nouveaux et la conquête de la liberté amenèrent les gens à entreprendre des voyages et les transactions commerciales exigèrent des actes des notaires. Pour mieux identifier les individus, l'on sentit la nécessité du second nom héréditaire, appelé nom de famille, en anglais "surname". Certaines églises tenaient un registre des baptêmes. Les rois de France, vers l'époque où Cartier découvrait le Canada, obligèrent les paroisses à tenir des registres des baptêmes, des mariages et des sépultures et à en livrer copie à l'État. La coutume ne fut généralisée en France que vers l'an 1550, à peu près soixante ans avant la fondation de Québec. Les religieux qui vinrent au Canada furent observateurs des lois et établirent des archives paroissiales partout où ils exercèrent leur ministère. Voilà pourquoi les Canadiens peuvent facilement établir une généalogie remontant au premier colon.

 

Mais le nom de famille est antérieur de quatre cents ans au moins. La recherche de l'étymologie d'un nom peut quelquefois indiquer le lieu d'origine de l'ancêtre, la province et même la localité.

 

Les sources des noms de famille sont d'abord la terre habitée; le domaine possédé; la ville d'où l'on s'éloigne quand on quitte son patelin; la région ou la province; les qualités; les professions.

 

Il semble que le nom de Bégin soit un mot de qualité. Avant de l'établir faisons une petite excursion dans le domaine de l'histoire et de la linguistique.

 

Un bon prêtre du diocèse de Liège du nom de Lambert le Begghe avait réuni, en 1171, dans sa maison à Saint-Christophe un certain nombre de filles qui furent appelées Béguines, soit en souvenir de leur fondateur soit en raison du patronage de sainte Begghe, sainte qui vivait au septième siècle. C'étaient des femmes vouées à une pratique spéciale des vertus chrétiennes.

 

Des groupements semblables existaient dans les principales villes de la Belgique. On peut dire que les Béguines n'étaient pas des moniales mais seulement des personnes dévotes vivant en communauté, suivant un règlement qui n'avait rien de monastique. Ducange dit: " Leur genre de vie tient le milieu entre la vie religieuse et la vie séculière ". Le Père Chapotin écrit: " C'étaient de pieuses filles qu'avait groupées sous un même toit le désir de vivre en commun, en dehors du monde, dans la retraite, le travail et la prière; pour un certain nombre au moins, dans la pensée qui les réunissait, entraient aussi pour quelque chose l'insuffisance des ressources personnelles, l'incertitude du lendemain, les dangers de l'isolement au milieu des troubles de ces temps agités. " Les Béguines étaient soumises à une règle; elles n'étaient point enchaînées par des voeux; elles gardaient avec leur liberté, la gestion et la disposition de leurs biens. Elles restaient dans le monde, tout en s'en séparant.

 

Les plus célèbres Béguinages furent ceux de Bruges, de Gand, d'Anvers, de Bruxelles, de Courtrai, de Louvain, de Malines, de Tournai. Ce mode de vie se répandit vite dans le monde chrétien. Il y eut des Béguinages à Cologne, à Strasbourg, à Lubeck et en France, à Cambrai, à Béthune, à Valenciennes, à Abbeville, à Douai, à Lille, à Corbie, à Amiens. On peut dire que toutes les villes de quelque importance eurent un Béguinage en leur enceinte.

 

Le monde admirait l'habileté des Béguines dans les travaux de l'aiguille; il les aimait à cause de leur inépuisable charité envers les pauvres et les malades. Elles s'occupaient également de l'éducation des enfants.

 

L'oeuvre des Béguines fut compromise par l'hérésie des Béguards et celle des Fratricelles ou Frères de la pauvre vie autrement appelés Bisoques ou Béghins. Ces hérétiques faisaient profession de renoncement absolu et prétendaient arriver à l'impeccabilité. Les noms de Béguards et de Beguins furent aussi appliqués mais à tort aux membres du tiers-ordre de saint François parce que Gérard Ségarelli, homme de condition obscure, avait fondé à Parme une sorte de tiers-ordre franciscain qui semblait être composé de Béguards et de Béguines condamnés par le Concile de Vienne. Ce Ségarelli, après une rétractation plus ou moins sincère, revint à l'erreur de Pierre d'Olive. Il finit sur le bûcher en l'an 1300. La doctrine de Pierre d'Olive et de Gérard Ségarelli trouva un apôtre dans Fra Dolcino, qui à son tour fut brûlé en 1307. Les Frères de la pauvre vie ou Fratricelles, fondé par Arnoldo Pungilupo de Ferrare se couvraient de l'autorité de l'Ordre des Franciscains pour propager leurs erreurs parmi les femmes et les Béguines, parce que le franciscain Ubertin de Casal partageait la doctrine de Pierre d'Olive.

 

Le Concile de Vienne en Dauphiné (1311) condamna les doctrines des faux mystiques connus sous les noms de Fraticelles, de Béghards, de Dulcinistes et de Frères Apostoliques. Comme ces erreurs avaient pénétré dans certains Béguinages, ils furent tous suspects et toutes les Béguines furent considérées comme hérétiques. Plusieurs Béguinages protestèrent et le pape, en 1318, dans sa bulle " Recta Ratio", déclara expressément que lui et ses prédécesseurs n'avaient en vue que les Béguines hérétiques et non les Béguines encloses qui n'avaient rien à se reprocher, parce qu'elles avaient toujours été attachées à l'orthodoxie.

 

L'orage passa et les Béguines réhabilitées purent continuer leur oeuvre qui dure encore en 1950, en dépit des persécutions et des vicissitudes. Ce n'est pas ici le lieu de faire l'histoire des Béguinages. Ce que nous avons dit est pour faire comprendre pourquoi le nom de Béguin qui comporte une idée de faux dévot.

 

Mais Bégin, nom de famille, est-il apparenté à Béguin. Moisy classe Bégin et Bégard dans les noms normands et dit qu'au XIIIe siècle, ils avaient le même sens: membre d'une association religieuse très commune en Flandre. Il dérive Bégard du verbe béguer, forme ancienne du verbe bégayer; il prétend que Bégin est dérivé du flamand beggen, demander. Du Cange discute longuement sur l'origine du mot Beghinus. Les Belges, dit-il, ont toujours été d'opinion que les Béguiden tirent leur origine de sainte Bègue (Begga), fille de Pépin de Landen, religieuse de Ste-Gertrude de Nivelles. D'autres auteurs prétendent que le nom vient de Lambert le Bègue. Wachter dit que les deux origines ne peuvent être toutes deux vraies et il ajoute: Laissons de côté Le Bègue et Begga et disons que Béguine vient du verbe anglosaxon, began, bigan ou biggan dont le sens est honorer, observer. Si bigan a pu donner bigenga, observateur, pourquoi ne pourrait-il pas donner Begina, la religieuse observatrice. La Béguine est une femme pieuse qui fait profession d'observer les règles de son ordre.

 

Le mot anglais beggar est venu du vieux français begart, en bas latin, begardus, parce que les Béguards étaient, dit le Concile de Trèves (1310), " des laïques qui se faisaient appeler Bégards sous prétexte de scrupule religieux et qui, sans appartenir à un ordre mendiant approuvé, allaient mendiant çà et là ".

 

Le mot Béguin servit de même à désigner des tertiaires. En 1511, il s'écrivait Bégin, par la suppression de l'h de Béghin et se prononçait sans doute comme Béguin puisque Gautier de Coinsi a pu écrire:

Bégins se viennent de bégon

Et de bégin revient bégars.

 

Le nom de famille Bégard viendrait selon Lacurne de Ste-Palaye d'un mot dont le sens au moyen âge était celui d'ignorant. Du Cange donne à béguin la signification de dévot. Lorédan Larcher au nom de Béguin écrit: de dévote apparence en langue d'oïl, comme allusion au moral.

 

Le costume des Béguines était gentil dans sa simplicité. Leur voile ou leur coiffe à brides attirait les regards par son élégance. Les mamans firent à leurs enfants des coiffures qui s'apparentaient au bonnet des Béguines. Le mot béguin finit par désigner une affection particulière et de courte durée pour une personne ou une chose. L'on dit encore de nos jours: " J'ai le béguin pour cette femme" -j'en suis amoureux - tout comme autrefois l'on disait pour exprimer un amour passager, s'embéguiner, être coiffé de quelqu'un. Le moine mendiant avait son capuce et son capuchon; le béguard imitant le moine, portait aussi sa coiffure caractéristique ou son béguin.

 

Le nom de Bégin a été donné à l'ancêtre soit comme compliment pour sa piété, parce qu'il était dévot comme un béguin; d'autres ont pu tirer leur nom de leur coiffure parce que la maman affublait son enfant d'un béguin de sa façon ou encore appelait son fils d'un nom d'affection: " Mon petit bégin " " Mon beau bégin". Ces noms valaient bien " Mon beau chou - Mon petit chien" et pouvaient se comparer à " Mon bel ange - Mon petit coeur d'amour - Mon beau trésor - Mon coeur en or ". Le nom a pu venir pour quelques familles de ce qu'elles habitaient à proximité du béguinage local, de ce que l'ancêtre avait travaillé à la construction du béguinage ou fourni une de ses filles pour le peupler. Le nom de Bégin a pu être le résultat de la malice et donné par mépris, au sens de faux dévot, à quelqu'un à qui l'on avait, comme on dit, " lavé son béguin " en le réprimandant, en le grondant fort. Comme les noms sont imposés à ceux qui les portent, nul ne doit s'en faire, si son nom n'est pas toujours royal et flatteur.

 

Pour ma part, je me croirais honoré d'être qualifié de dévot, de Bégin, puisque la piété est la qualité de rendre à Dieu les devoirs qui lui sont dus. S'appeler Bégin, c'est comme qui dirait se nommer Le Courtois, Le Galant, Le Poli, Le Dévot, Bellavance, Boncompain, Le Tact, La Charité.

 

Au Canada, les Bégin ont brillé dans la littérature, l'enseignement, le journalisme, l'état ecclésiastique, le service civil, la politique, la vie religieuse. Le nom de Bégin a été illustré au commencement du 20e siècle par le cardinal Louis-Nazaire Bégin, archevêque de Québec; les Bégin ont fourni un ministre de la colonisation dans le cabinet provincial et un sous-ministre dans le même ministère.

 

Aux Bégin, je propose comme devise suggérée par le nom: Beginae instar pius, pieux comme une Béguine, en français: " Dévot comme nonne" et comme vertu familiale, la piété, dont l'objet est Dieu et le prochain. Les Bégin ont le devoir de réaliser l'idéal suggéré par leur nom, d'être pieux dans la famille, pieux dans la paroisse et pieux dans la cité.

Casimir HEBERT,

Anthroponymiste.

Janvier I950.

 

Beaucarnot 

Jean Louis Beaucarnot,( dans son volume Les noms de familles et leurs secrets publié chez Robert Laffont, Paris 1988,) écrit à la page 129 en parlant des patronymes et de leur formation que beaucoup de noms de familles se sont formés à partir d'un défaut physique ou d'une occupation. Au sujet des Bégin il croit que le nom proviendrait du défaut d'élocution de l'un d'eux un bègue. Le nom aurait connu plusieurs dérivés tels Bègue, Lebègue, Béghin, Bégon, Bégot ou encore dans le nord de la Loire Baubé, Baubet, Bauby, etc. On retrouve dans le Dictionnaire des noms et des prénoms de France chez Larousse la même approche. Bégin serait un dérivé de bègue dans la vieille province de Normandie là où on retrouvait des Bégin, Bégard, Bégon, Béguet etc. Dans ce dernier, le Dictionnaire Larousse, on rappelle aussi qu'au Moyen-Age le mot bégard d'origine néerlandais "beggen" signifiait moine mendiant ou secte religieuse.

 

J.-P. Alphonse Bégin citait Loredan Larchey:

 

Bégin.

1. forme de Béguin.

2. dérivé de Bège-Gris, jaunâtre (oil),

3. goret (oc).

 

Béguin.

1. Bègue,

2. religieux du tiers ordre fondé par Lambert Bègue à Liège,

3. bonnet d'enfant (nord).

 

Dauzat:

Bègue, "bègue", et ses dérivés: Bégard (Normandie...), Bégon, Béguet, Bégot, Bégu. Avec l'article: Lebègue (répandu). Bégard, "moine mendiant" (du néerlandais beggen), a désigné une secte religieuse au XIIIe siècle; de la même racine Béguin (répandu), Bégin, variations: Bégouin, Bégouen. Le nom de Bégin est relativement peu répandu et pourrait découler d'un état ou d'une occupation. Il peut être associé à la désignation de "moine mendiant" ou de "celui qui fait des chapeaux ou des bonnets".

 

Les noms de famille Béguin, Bégin et Béghin ont une origine commune; ils proviennent du nom commun "Béguin" mot sous lequel étaient généralement connus les membres du sexe masculin, des confréries ou communautés appelées Béguinages, établies dans la partie est de la France, dans les Pays-Bas et en Allemagne, c'est-à-dire à proximité du Rhin. Chaque communauté était cependant indépendante des autres du même genre.

 

Le but de ces communautés était la vie en commun de personnes du même sexe, ayant approximativement le même âge, les mêmes moyens ou revenus et les mêmes gouts. Ils ne prononçaient pas de voeux, mais étaient soumis à la même régie interne.

 

Au commencement du XIVe siècle, celles de ces communautés qui étaient composées de membres du sexe masculin tombèrent dans l'hérésie, en soutenant que la pauvreté intégrale dans les cérémonies du culte était nécessaire; elles furent condamnées le 12 novembre 1323, par Jean XXII, un des sept papes d'Avignon.

 

Ces communautés furent alors dissoutes et plusieurs de leurs membres ne portant jusqu'alors qu'un nom individuel furent communément appelé le Béguin, exemple: Jean le Béguin, Pierre le Béguin. Ils se marièrent et firent souche, et le qualificatif "Béguin" qui leur avait été donné se transforma à cette époque en nom de famille, Béguin, Béghin ou Bégin, suivant la partie de la France qu'ils habitaient ou allèrent habiter.

 

Au point de vue linguistique, la France était alors divisée en deux parlers appelés: langue d'oc et langue d'oil. Ces parlers différaient souvent l'un de l'autre quant au nom donné à un objet, au sens donné à un mot ou quant à son épellation et sa prononciation, tout comme la langue d'un pays diffère de celle d'un autre.

 

La langue d'oc était en usage courant dans les Flandres, la Wallonie, la Champagne et généralement dans la partie est de la France. Par contre, la langue d'oil était en usage dans la Bourgogne, la Normandie et plus généralement dans la partie ouest de la France.

 

Lorsque le qualificatif "Béguin" fut transformé en nom de famille dans un territoire où la langue d'oc était d'usage courant, ce nom fut épelé indifféremment: "Béguin" ou "Béghin" (la deuxième syllabe se prononce comme gain dans les deux noms), parce que les deux épellations répondaient alors à la tendance euphonique du parler dans ce territoire.

 

D'autre part, lorsque le qualificatif "Béguin" fut transformé en nom de famille dans un territoire où la langue d'oil était d'usage courant, ce nom fut épelé "Bégin", (la deuxième syllabe se prononce jin), parce que cette épellation répondait alors à la tendance euphonique du parler dans ce territoire.

 

A la Bibliothèque Nationale, à Paris, se trouve un grand nombre de manuscrits originaux, classifiés par ordre de province. Parmi ceux de la Bourgogne, il y en a un certain nombre classés sous le nom "Bégin".

 

En voici deux où l'épellation est "Bégin".

 

1. Une quittance devant le notaire Puteau, en date du 14 septembre 1606, par Christophe Bégin, gentilhomme de la venerie du Roi, à Fontainebleau. Le comparant a signé "Xstophe Bégin". (Voir appendice A, à la fin du chapitre).

 

2. Une quittance devant le notaire Hurel, en date du 20 mai 1722, par Jacques Bégin, avocat, à Dijon, comme procureur de Jeanne Bégin. (Voir appendice B, à la fin du chapitre).

 

Dans cette même bibliothèque, on trouve aussi sous le nom de "Bégin" des armoiries octroyées à Jacques Bégin, et sous le nom de "Béguin", un grand nombre de manuscrits et des armoiries octroyées à Guillaume Béguin, de Reims, en Champagne.

 

Les almanachs d'adresses publiées de nos jours en France et en Belgique, donnent à Paris plus de Béguin que de Béghin et très peu de Bégin. A Gand, en Belgique, des Béghin, à Reims, en Champagne, des Béguin, à Dijon en Bourgogne des Bégin. En Normandie, il n'y a pour ainsi dire que des Bégin; ils se sont disséminés; on en trouve à Beuzeville et aux environs, tel qu'à Martainville, Formoville, Montfort sur Risle, Honfleur, Tourlaville etc.

 

Notre premier ancêtre canadien, Louis Bégin, le premier de ce nom qui se soit marié et ait fait souche en la Nouvelle-France, est né à Honfleur, le 28 septembre 1631. Comme son père Jacques, et ses autres parents en France, son nom de famille était épelé "Bégin".

 

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle l'épellation du nom de famille "Bégin" subit au Canada des variations de la part de quelques uns des missionnaires, des prêtres et des notaires du temps. En effet, les missionnaires et les prêtres, dans leur rédaction des actes de l'état civil et les notaires, en préparant leurs actes notariés épelaient souvent le nom Bégin; "bégen" "béjin" ou "bégein" et les personnes qui signaient ces actes agissaient aussi à leur guise ou dans la mesure de leur respect pour l'orthographe du nom. Pourtant ces missionnaires, prêtres et notaires étaient dans le temps, les gens les plus instruits de la colonie. (Voir appendices C, D et E à la fin du chapitre). Mais avec la venue du XIXe siècle, toutes ces variations disparurent et le nom de famille "Bégin" a depuis une orthographe uniforme admise généralement et au Canada et au Etats-Unis.

 

On a déjà insinué que le nom de famille Bégin peut provenir du nom d'une petite commune de Béthume, département Pas de Calais, France, appelé "Beugin". Cette origine ne repose sur aucune tradition, ni sur aucune preuve historique. Cette commune était au IVe siècle, connue sous le nom de Belgim. Vers l'année 1200, ce nom fut transformé en Beugin et a été conservé jusqu'à nos jours. Parmi la population, il y a quelques personnes, qui portent comme nom de famille le nom de la commune "Beugin", mais il n'y a jamais eu de personnes portant le nom de Bégin dans cette commune, ce qui prouve que le nom de la commune a formé un nom de famille distinct ayant la même épellation, à savoir: "Beugin".

 

Au point de vue orthographique le mot français est généralement composé d'un radical et d'une terminaison. Le radical est généralement invariable tandis que la terminaison ne l'est pas.

 

Or, dans le nom commun "Béguin" le radical est "beg" et la terminaison "uin". Dans le nom propre "Bégin" le radical est exactement composé des mêmes lettres que le nom commun Béguin, et même l'accent aigu est conservé, tandis que dans la terminaison il y a des variations. D'un autre côté, dans le mot "Beugin" le radical est "Beug" alors que la terminaison est "in". Faire dériver le nom Bégin de Beugin serait changer le rôle du radical, qui est invariable.

 

Il résulte donc de ces observations que le nom "Bégin" n'est pas dérivé du nom de la place "Beugin" mais il l'est du nom commun "Béguin", non seulement au point de vue historique, mais aussi au point de vue linguistique.

 

 

APPENDICES.

 

A- Pièces originales, 264, Dossier 5737, Bégin. Bibliothèque Nationale, à Paris. Pièce 2. Copie verbatim.

 

"En la présence de moy, notaire royal à Fontainebleau, soubsigné, Christophe Bégin, gentilhomme de la venerye du Roi, a confessé avoir eu et receu comptant de noble homme Messire Phillibert Bourlon, conseiller de Sa Majesté, trésorier de sa vennerye, thoile de chasse et faulconnerye, la somme de huict quinze lyvres tournois a luy ordonnée pour ses gaiges à cause de sondit estat durant les quartiers de janvier, febvrier et mars, apvril, may et juing de la présente année. De laquelle somme de VIII(xx) et XV livres tournois ledit BEGIN s'est tenu et tient pour contant et bien payé, et en a quitte le dit sieur Bourlon, trésorier susdit, et tous aultres. Faict et passé audit Fontainebleau en l'estude dudit notaire, après midi es presences de Jacques de Poix, vallet de la dite venerye, et Galant Biguot, Ledit Biguot a déclaré ne savoir signer. Le quatorzièsme septembre mil six cens six".

 

(signé) "Xstophe BEGIN".

 

(signé) "De Poix".(signé) "Puteau".

 

 

 B- Pièces originales, 264. Dossier 5737, Bégin. Bibliothèque Nationale à Paris. Pièce 3. Copie verbatim.

 

"Par quittance passée devant Me Hurel, notaire, le vingt-un février mil six cent vingt, appert Me Jacques BEGIN, avocat à Dijon, au nom et comme procureur de Jeanne BEGIN, veuve de Michel Jacquemin, payeur des gages des officiers du Parlement de Dijon, avoir reçu du trésor royal la somme de trois mille deux cens livres en augmentation de gages levez par ledit feu sieur Jacquemin suivant la quittance de M. Bertin trésorier des revenus casuels, du douze février mil sept cent quatre, controllée le quatre avril ensuivant; les dites augmentations de gages appartenans à ladite damoiselle Jacquemin comme donataire des meubles et acquêts dudit deffunt son mary par acte passé devant Pie et son confrère, notaire à Dijon, le dix-huit janvier mil sept cent quatorze, insinué le quatorze février suivant."

 

"Extrait et collectionné sur la minute de ladite quittance en ma possession, aujourd'hui vingt may mil sept cent vingt deux".

 

(signé) "Hurel".

 

 

C- Extrait verbatim de l'inventaire des biens de la communauté de la veuve Bégin(Jeanne Durand) par le notaire Florent de Lacetière, le 2e juillet 1713.

 

"Aujourd'hui vingt quatriesme jour de Juillet mil sept cent treize a la requete de jeanne durant veuve de deffunt Louis BEGIN vivant habitant de la Coste Lauzon En son nom a cause de la Communauté avec led feu BEGIN Ey le Lorent poiré tant en son nom comme ayant espousé marie Suzanne BEGIN que comme tuteur eslu es justice a Estienne, Charles, et Jacques BEGIN ses beau-frères mineurs de Jean baptiste BEGIN majeur usant de ses droits tant en son nom que comme subrogé tuteur eslu par le même acte esmains de Mrs. de la prevosté et amirauté de Québec En datte du vingt uniesme de ce mois, eustache Couture au nom et comme ayant espousé en premières noces Marguerite BEGIN et tuteur des enfants issus de leur mariage de Charles grenet, au nom et comme ayant espouse marie anne guay fille de deffunte marie anne BEGIN stipulant tant pour eux que pour les autres Cohéritiers en la succession dud. deffunt Louis Bégin leur pere et leur ayeul, a esté par Le No Royal en la prévosté de Québec soussigné y Résidant et témoins enfin nommez et pour La Conservation des biens et droits de tous quil appartiendra a esté fait bon et Loyal Inventaire et description des biens meubles dependant de la Communauté de lad. durant avec Led. feu BEGIN titre papiers Et ensegnemens trouvés en la maison de lad. communauté sur l'habitation size en lad. Seigneurie de Lauzon parr. de St-Joseph de la pointe Levy ou nous nous sommes exprais transporté lesquels biens ont esté Montrez et enseignez par lad. durant après serment par elle fait denancacher. Lattiter (Latiter) ni détourner aucun aux peines en tel cas entroduitte qui luy ont esté donnée a entendre par Led. No(re) soussigné auxquelles Elles cest soumises en cas quil se trouvasse du contraire."

 

D- Extraits verbatim du Compte et Partage des biens de la Communauté de Louis Bégin et de Jeanne Durand sa veuve, et accord entre les enfants et elle, par le notaire Louis Chambalon, le 22 novembre 1715.

 

"Pardevant le Notaire Royal, en la prevosté de Québec soussigné y Residant et témoins cy bas nommés furent present Jean Baptiste BEGIN majeur, Laurent poiré et Suzanne Bégin sa femme quil authorise par leffet des presentes et Encore Ledit poiré au nom et comme tuteur de Estienne et, Jacques BEGIN ses beaufreres mineurs, Charles Guenet et Marieanne Guay sa femme qu'il authorise aussy pour leffet des presentes fille de Louis Guay et de deffunte Marie-Anne BEGIN sa femme, Eustache Couture au nom et comme tuteur des enfants mineurs issus de luy et de deffunte Marguerite BEGIN vivante sa première femme M Jean baptiste de Saline au nom et comme procureur de gervais rocheron habitant demeuran en lisle de St-Laurent paroisse de sainte famille au nom et comme tuteur de Elizabeth et Suzanne Rocheron filles mineures de deffunt Estienne et de deffunte Elizabeth BEGIN sa femme tous enfans et petits enfans de deffunt Louis Bégin vivant habitant de la Seigneurie de lauzon et de Jeanne Durand sa veuve Leur père et mère ayeul et ayeulle et chacune deux héritiers tant de leur Chef que par Representation des ditte marie anne, Marguerite et Elizabeth BEGIN du dit feu Louis BEGIN leur père et ayeul avec deffunt Charles BEGIN leur frere et oncle pour un huitiesme Et encore les dits susnommés esdits noms comme héritiers Chacun pour un septiesme quant aux immeubles du dit Charles grenet et le dit sieur de Saline es dits noms en conséquence de l'acte dassemblée de parents et amis des dits mineurs faitte le vint un de ce mois pardevant Monsieur le lieutenant particulier Civil et Criminel de la prevosté et amirauté de cette ditte ville de leur bons gré et volonté ont aloue agrée et approuvé Le compte des biens de la Communauté quy a esté entre deffunt Louis BEGIN et la ditte Jeanne durand, que la dite Jeanne Durand sa veuve aussy a ce presente et acceptant leur rend, suivant Linventaire quy en a esté fait par le Florant de la Cetière Notaire Royal en la prevosté de cette ville en datte du vingt quatriesme Juillet mil sept cent treize tel, quil est cy devant contenu et quil a esté crié a la requisition des dittes parties par le Notaire soussigné."

 (Autre extrait du même acte).

 

Immeubles.

"Une terre habitation size en la Seigneurie de Lauzon contenant trois arpens de large sur quarante arpens de profondeur quy fut conceddée au dit Louis Beguin par Messire Jean de Lauzon grand senechal de ce pays par titre de Concession sous seing privé en datte du 18 novembre 1655, dont copie fut déposée en lestude de deffunt Me Bequet Notaire Royal a Québec su 26 juin 1671-Laquelle habitation a legard du fond de la terre seullement et non compris les batiments quy sont dessus construits a esté prisée et estimée a la somme de trois mil Livres par Jean Duquet, Joseph Couture, Michel Lemieux et Jean Carrié a la requisition et en presence de Jeanne durand veuve de dit Louis Beguin et de Jean Baptiste Beguin majeur, de Laurent poiré Beau frere et Tuteur des mineurs de Eustache Couture tuteur des enfants mineurs de la deffunte Marguerite Beguin sa femme. Et de Charles Grenet comme ayant espousé Marianne Guay fille de deffunt Louis Guay et de deffunte marieanne Beguin ses pere et mere. Laquelle habitation est un acquis fait par le dit feu Beguin auparavant son Mariage avec lad. durand quy fut Celebré en la paroisse de Québec le 15 octobre 1668.

 Cy.......L3000."

 

E- Extrait verbatim du contrat de mariage entre Michel Begein et Josephte Turgeon, Veuve de Jacques Huart, par le Notaire Claude Barolet, Québec, le 7 janvier 1753.

 

Furent present Sr. Estienne Begein habitant de la Seigneurie de Lauzon parroisse de St-Joseph stipulant en cette partie pour Michel Begein son fils mineur de vingt quatre ans ou environ aussy a ce present et de son consentement pour luyet en son nom d'une part. Josephte Turgeon veuve de Jacques Huard, demeurante en la ditte Seigneurie stipulant pour elle de lagrement de Joseph Turgeon son père de Jacques Huard et de Marie Angelique Boucher ses Beaupere et Belle mere aussy presente d'autre part.

 

Lesquelles partie de lavis et Conseil de leurs d. parens qcy assembles et encore de la part dud. Michel Begein des Srs. Jacques Begein son oncle et Jean-Baptiste Begein son cousin Germain, de Genevieuve Begein sa soeur Germaine; Et de la part de lad. Josephte Turgeon veuve dud. Huard et de Jean Marie et Estienne Huard ses beaux frères, et de Charles Bourassa Cousin fut volontairement faits entre elles les accords et traittés et conventions de Mariage quy suivent.

 

fait et passé aud. Quebec Etude de Me Barolet l'un desd Notaires L'an mil sept cens cinquante trois le huitiesme Janvier après midy et on lesd. futurs époux, led. Begein pere Jean Baptiste Begein et huard signé avec lesd. Notaires Lad. future epouse et les autres sus nommés déclarés ne scavoir escrire ny signer et de ce interpellés suivant Lord. ce Lecture faitte.

(signé) "Michelle begeun""Jaque huard"

"etienne begen" "Saillant"

"jean baptiste Begein""Barolet N.P."

 

Quoique les trois signataires étaient le fils, le père et l'oncle, c'est-à-dire de la même branche, chacun d'eux a signé son nom de famille d'une manière différente.

 

Autre fait digne de remarques: dans les trois cas, la lettre "g" est suivit immédiatement de la voyelle e, et, une règle de la prononciation française veut que quand la lettre "g" est suivie des voyelles e ou i le g est doux comme j.

 

Vu qu'à cette époque on s'occupait plus de la prononciation des noms de famille que de leur épellation; il n'est pas surprenant que le nom de famille ait dans ces trois cas reçu des signataires une épellation différente.

 

 Certains surnoms et sobriquets donnés à la famille Bégin.

 

Peu de surnoms ont une origine connue; cependant, celui de "Bégin la galette" en a une qui est connue. Le Seigneur Henry Caldwell, profitant de son droit sous le régime féodal, avait retrait une terre traversée par la rivière à la Scie. Ce cours d'eau rencontrait le Chemin Royal, un peu à l'est de l'église actuelle de St-David de l'Auberivière et se jetait dans le St-Laurent près de l'ancien atelier du Grand Tronc, appelé Hadlow, c'est-à-dire, vis-à-vis les Plaines d'Abraham. Sur cette rivière se trouvait, à proximité de la falaise une chute d'eau, que le Seigneur Caldwell utilisa pour y batir un moulin banal. Il avait aussi décidé de se faire une résidence seigneuriale sur le terrain comprenant actuellement les usines et résidences Gravel à Etchemin. Or, pour être le seul propriétaire de tout ce magnifique terrain, qui était un endroit idéal pour un manoir seigneurial, il lui fallait acquérir la terre que Michel Bégin avait reçu en se mariant à Marie Josephte Turgeon, veuve de Huard. Il eut l'idée d'offrir en échange sa terre traversée par la rivière à la Scie (Pont Amyot) pour la terre de Michel Bégin, se réservant toutefois le moulin banal nouvellement bâti par lui ainsi que la chute d'eau. Cette offre fut acceptée et Pierre Bégin fils de Michel prit possession de la terre et se mit à la cultiver avec Charlotte Quentin, son épouse. Leur résidence se trouvait la seule maison à proximité du moulin. Les cultivateurs de la côte Lauzon, surtout à l'ouest de Lévis, et ceux de St-Henri et des paroisses environnantes, qui avaient alors leur sortie au fleuve par le Chemin du Pavé, longeant la rivière Etchemin, prirent l'habitude de venir à ce moulin banal pour y faire moudre leurs grains.

 

Or, les cultivateurs étaient souvent en grand nombre au moulin, et ne pouvant recevoir leur moulée qu'à tour de rôle; ils apportaient avec eux un peu de farine de sarrazin et allaient attendre à la résidence de Pierre Bégin en se faisant faire des galettes de sarrazin pour s'alimenter.

 

De là vient que pour distinguer ce Pierre Bégin des autres du même nom il fut surnommé "Bégin la galette".

 

Ce surnom est resté à ses descendants pendant environ un siècle, c'est-à-dire jusqu'au jour où en multipliant les prénoms au baptème, les surnoms cessèrent d'avoir leur utilité.

 

La famille Bégin était nombreuse dans la Seigneurie de Lauzon, d'autres surnoms furent donnés à d'autres branches de la famille, à savoir: "Bégin le basque", "Bégin le chat", mais l'origine de ces surnoms n'a pu être expliquée et ces surnoms sont disparus, il y a environ 75 ans, parce que leur utilité avait complètement cessée. La seule mention qui soit faite de Bégin basque est dans une liste des propriétaires de bancs de l'église St-Joseph faite en 1791.(Seig. de Lauzon, J.E.Roy, volIII, App. XXIII). Il y avait à cette époque deux propriétaires de bancs portant le nom de Jean-Baptiste Bégin. On s'est servi dans les régistres de la paroisse du surnom de Jean Baptiste le Basque pour différencier l'un de l'autre. Ce fait n'établit pas cependant l'origine du surnom "Bégin le Basque" mais constate seulement son existence. Cependant, si on en juge par le groupement de ceux qui ont porté ce surnom, "Bégin Basque", il a été donné originairement à un des descendants de Jean-Baptiste Bégin I, marié à Louise Carrier, tandis que le surnom de "Bégin le chat" a été donné à un des descendants de Jacques Bégin I marié à Charlotte Rochon.

 

La Beauce a été colonisée rapidement. Pour distinguer un individu de l'autre, on se servit d'un mode spécial comme suit: Joseph à Pierre à Antoine, c'est-à-dire Joseph, fils de Pierre et petit-fils de Antoine. Cette habitude, que l'on retrouve dans les premiers actes de l'état civil et les premiers contrats durant la domination française, persiste encore dans cette région.

 

Si les surnoms ont souvent été donnés pour distinguer une branche de famille d'une autre, par contre, le sobriquet a été donné généralement par dérision à un individu, mais ce sobriquet disparaissait avec cet individu.

 

De nos jours, le sobriquet n'est plus à la mode, mais il est quelquefois remplacé par des épithètes passagères d'un gout douteux dans la vie et aussi très éphémères. En voici quelques exemples:

 

Etienne Bégin, cinquième génération canadienne, marié en deuxième noces à Angélique Guay, était grand et fort. Sa force naturelle s'était accrue du fait qu'il passait ses journées à glacer le cuir rouge avec un morceau de vitre épais enchassé dans un manche en bois, afin d'enlever au cuir le peu d'eau qui y restait et lui donner une apparance luisante. Il avait l'habitude de porter en été une chemise et un pantalon en toile du pays. De son temps, existait dans le voisinage un navigateur du nom de Norbert Cantin, qui enviait son physique et le craignait; pour se venger, il l'appelait; "Grand fusil de toile".

 

"Bégin messec" est un autre sobriquet donné à Isidore Bégin, cinquième génération canadienne, marié à Olive Bourget, autrefois de Bienville. Ce sobriquet a été donné parce que son caractère le portait à la sévérité dans ses conversations.

 

Les sobriquets, "Grand fusil de toile" et "Bégin messec" disparurent à la mort de chacun d'eux.



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